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nement. Vous seriez exposé à des vexations, à quelque chose de pire, d’après tout ce que j’ai entendu dire de vous. Il serait donc prudent de vous éloigner du pays, au moins pour quelque temps. — Je serais vexé, dites-vous, je serais exposé à autre chose ? Que fériez-vous donc de tous les grands principes que vous tous avez proclamée en face du pays ? Vous ne respecteriez pas mes convictions, la liberté de mes opinion politiques, lors que vous plaidiez pour les vôtres ? Et alors que je me soumettrais à votre triomphe, j’aurais à supporter vos persécutions ? En ce cas, vous feriez de belles choses en Haïti ! » M. Simonisse ne pût obtenir rien de plus que ces paroles.

Deux jours après, M. Thomas Ussher, consul de S. M. B., me fit l’honneur de venir aussi me toit. Depuis 1856, j’étais dans les meilleurs rapports avec lui ; il m’accordait son estime et son amitié, et j’y répondais par les mêmes sentimens. Il me fit des questions et réflexions semblables à celles de M. Simonisse, et je lui répondis de la même manière. Mais il ajouta l’offre obligeante de me recevoir à bord de la goëlette de guerre anglaise Fair Rosamunda, qui était dans la rade avec la corvette Scylla, et de me faire conduire à la Jamaïque, si je me décidais à sortir d’Haïti pour quelque temps : je l’en remerciai. Après cela, il me demanda si le président Boyer n’avait rien dit dans mes entretiens avec lui, sur ses intentions en cas d’une révolution complète. Je lui répondis que non, et que je ne pouvais pas même chercher à le pressentir à cet égard, par respect pour sa position actuelle, « Eh bien ! me dit M. Ussher, si le Président lui-même vous en parle, s’il vous témoigné son intention de sortir du pays, veuillez lui dire que je mettrais à sa disposition la corvette anglaise pour le porter