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Ce même jour, je hasardai encore d’appeler son attention sur la nécessité de faire des promotions dans les rangs supérieurs de l’armée, afin d’éviter des défections en faveur des insurgés qui, se targuant du principe de la souveraineté nationale, délivraient des brevets et en offraient aux officiers du gouvernement. C’était le 15 février, alors que le Président était informé de la tentative faite auprès du colonel Cazeau. « Oui, me dit-il, je vais récompenser les anciens services de beaucoup d’officiers ; mais il ne faut pas qu’ils croient que je redoute leur défection : je dois agir avec mesure. Vous voyez sur cette galerie, le colonel Méreaux qui m’attend. Je l’ai fait appeler pour lui donner son brevet, de général de brigade : c’est un brave qui, même sans cela, ne me trahirait jamais. »

Et quatre jours après, le Président m’envoya aux Cayes pour autoriser le général Borgella à faire aussi des promotions, s’il le jugeait convenable, même au grade, de général. Ma mission était de m’enquérir, en outre, de la situation des esprits dans cette ville et de ce que pensait Borgella de l’insurrection. En prenant mes instructions le 18 au soir, Boyer me fit voir les brevets qu’il devait envoyer : aux généraux Riche, Obas et Carrié, comme divisionnaires ; aux colonels Lamarre, Souffrant, Dalzon, Alain, Cadet Antoine, Hogu, comme généraux de brigade. « Puisque je vais aux Cayes, lui dis-je, j’apporterai les brevets de Riche et de Souffrant, et je pourrai remettre au, général Inginac, au Petit-Goave, celui qui est destinés à Lamarre : il le lui enverra, » — « Non, je les enverrai. » Deux jours après, ceux de Riche et de Lamarre furent expédiés, trop tard pour ce colonel qui périt le 21 février, à Lesieur,