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nement ; et à cette occasion, il me dit comment il lui avait parlé affectueusement en lui donnant le commandement de la place de Saint-Marc : il avait voulu que cet officier fût sous les ordres du général Bonnet qui, ayant été aide de camp d’André Rigaud, aurait eu naturellement plus d’égards pour lui que tout autre commandant d’arrondissement.

J’appris aussi du Président, que de Jérémie il était arrivé un canot à la Saline, avec des paquets de dépêches et d’actes révolutionnaires adressés au général Guerrier et au colonel Cincinnatus Lecomte, commandant de la place du Cap-Haïtien, à qui-un brevet de « général de brigade » était envoyé par R. Hérard, pour le porter à se déclarer en faveur de l’insurrection, de même que le général Guerrier dont on espérait le concours. Le commandant du poste de la Saline expédia ces paquets au Président, après avoir fait arrêter et emprisonner les émissaires, contre lesquels Boyer n’ordonna rien de plus.

Évidemment, il ne voulait pas sévir avec rigueur à l’égard des personnes reconnues complices de l’insurrection, et je vais le prouver.

Le général Borgella lui ayant appris l’arrestation des hommes qui furent emprisonnés aux Cayes, lui proposa de les faire juger à la capitale, s’il le croyait nécessaire, après avoir obtenu du tribunal de cassation un arrêt de renvoi pour cause de sûreté publique. Mais, le 10 février le Président lui répondit :

« Lorsque la révolte éclate dans un pays et qu’elle menace de le plonger dans l’anarchie et la guerre, l’action de la justice civile doit être suspendue et remplacée par l’action militaire dont l’énergie, dégagée de toutes formes lentes ou évasives, peut seule sauver la chose publique.