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jeunes gens qui n’avaient jamais servi le pays par les armes, — excepté depuis le 27 janvier[1].

Un autre acte révolutionnaire porte la même date du 10 mars, de la ville des Cayes. Mais l’indiscrète histoire est, de sa nature, investigatrice : elle constate ici que cet acte fut rédigé au Port-au-Prince, le 24 mars. C’est celui qui déclara « la déchéance du général J.-P. Boyer de l’office de Président d’Haïti, comme coupable de lèse-nation, » et le mit en accusation avec sept autres personnes considérées comme ses « complices, » pour être jugées par un jury national.

À côté de ces actes, citons aussi un trait du caractère de Hérard Dumesle, auquel on doit applaudir :

En 1841, il avait eu maille à partir avec l’administrateur Céligny Ardouin ; une proposition de duel entre eux avait succédé à un procès au tribunal correctionnel des Cayes. Lorsque les députés de cette ville allèrent auprès du chef d’exécution, H. Dumesle chargea l’un d’eux de dire à C. Ardouin : qu’il aurait sincèrement désiré de lui prouver qu’il ne conservait aucune rancune, aucun ressentiment contre lui, à raison de ces faits, et de le couvrir de toute sa protection en entrant aux Cayes ; mais qu’il était entouré de gens animés de sentimens de vengeance à son égard, et par rapport à sa conduite dans l’administration des finances qu’il gérait avec trop de rigueur, et parce qu’ils l’accusaient d’avoir été l’instigateur des actes du général Borgella dans ces derniers temps ; que, n’étant pas sûr de pouvoir le

  1. Comment ! vous vous êtes mis en insurrection le 27 janvier, et vous avez déclaré nuls, dès le 15, les brevets délivrés tardivement, par un chef qui gonvernait le pays depuis 25 ans, à d’anciens officiers de l’armée, vieux militaires qui l’avaient servi avec honneur, tandis que vous vous prévaliez du grade de général de division qui vous fut décerné par de simples citoyens au nom d’une abstraction ! Et une telle faute, dans un pays toujonrs soumis au régime militaire, à ce régime dont vous alliez avoir tant besoin pour vous soutenir !…