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fois, et il sut arrêter l’ardeur de son escorte pour le laisser paisiblement continuer sa route.


Faisons ici un retour en arrière, afin de constater quelques faits.

Le général Borgella avait publié divers ordres du jour, les 16, 17 et 24 février, pour rallier aux drapeaux les soldats et les gardes nationaux qui s’en étaient absentés momentanément ; pour menacer les personnes qui tenaient aux troupes des propos séditieux, même des femmes qui, par leur position sociale, auraient dû s’en abstenir, d’être poursuivis criminellement ; enfin, pour déclarer en état de siége tout le département du Sud, afin d’y faire régner exclusivement, les lois militaires[1]. De leur côté, les généraux Lazare et R. Hérard, ce dernier surtout en sa qualité de « chef d’exécution, » avaient émis des proclamations et ordres du jour dans le but révolutionnaire qu’ils poursuivaient. À ce sujet, on peut remarquer que le chef d’exécution ne fut pas avare de semblables actes, jusqu’au moment ou un gouvernement provisoire fut installé.

Quand Borgella apprit le désastreux résultat survenu à Lesieur, il avait envoyé le colonel Chardavoine, son aide de camp, à la tête du 23e régiment pour renforcer le colonel Désiré au Camp Périn, afin d’être prêt à se reporter en avant dans la route du Plymouth, au cas où les généraux Solages et Cazeau eussent été vainqueurs. Aux Cayes, le 8e régiment, du Port-au-Prince, commandé

  1. L’ordre du jour relatif aux femmes lui fut sévèrement reproché, comme si de telles personnes pouvaient impunément commettre les délits prévus par les lois. Bien des femmes ont contribué, dans ces circonstances, à la révolution dont elles s’étaient engouées, sans prévoir que la plupart d’entre elles verseraient d’abondantes larmes avant longtemps.