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mouth, ayant sous ses ordres le 24e régiment et la garde nationale du Petit-Goave.

Par ordre de Borgella, en même temps que Riche se porterait contre l’Anse-d’Eynaud et Jérémie, Lamarre devait marcher sur Jérémie avec les 16e et 21e régimens, et Désiré avec la troupe qu’il avait sous ses ordres. Ces dispositions, on ne peut le nier, étaient les meilleures qu’on pût adopter pour acculer les insurgés sur un seul point ; mais des circonstances que la fatalité sembla amener en leur faveur, firent échouer ce plan militaire, et ils ne négligèrent rien également pour réussir dans leur but.

En prenant le commandement des troupes réunies aux Anglais, le général Riche se porta vivement à l’Anse-d’Eynaud où il ne trouva aucune résistance, les généraux Lazare et R. Hérard étant retournés à Jérémie avec leurs forces, pour se porter contre la colonne commandée par Lamarre qui menaçait les insurgés de ce côté-là. Avec son activité accoutumée, Riche allait partir de l’Anse-d’Eynaud, quand il reçut l’ordre du général Borgella de surseoir sa marche. C’est que Borgella avait appris que les régimens des Cayes avaient manifesté de la répugnance à servir sous ses ordres, à cause de la mauvaise réputation qu’il s’était faite pour avoir obéi trop aveuglément à H. Christophe, quand celui-ci exerça ses atrocités en 1812. Borgella craignit que les colonels Cazeau et Colin, et les officiers de leurs corps, ne partageassent aussi cette répugnance des soldats et ne secondassent pas efficacement les opérations militaires, en même temps que les familles de Jérémie et des autres lieux seraient épouvantées de savoir que Riche était à la tête de ces troupes ; ce qui ne pouvait qu’exaspérer davantage les insurgés en armes et s’opposer à toutes défections possibles dans leurs rangs. Triste con-