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l’encouragent dans son affliction, il ne doit pas se reposer seulement sur les autorités locales, il doit se faire représenter par un fonctionnaire, d’un rang élevé dans la hiérarchie gouvernementale[1]. Boyer aurait donc pu employer ce dernier moyen ; les ministres de l’État étant des hommes moins valides que lui-même, des généraux, même des sénateurs auraient pu être expédiés au Cap-Haïtien, au Port-de-Paix, à Saint-Yague, pour agir en son nom ; revêtus momentanément de la représentation de son autorité pour cet objet spécial, leur présence eût été d’un bon effet, et sur le cœur des infortunés qui gémissaient de la mort de leurs parens et de la perte de leurs propriétés, et sur l’esprit du reste de la nation.

Mais le président Boyer avait le malheur de croire qu’il ne devait se reposer que sur lui-même, en toutes choses. Arrivé à 66 ans, son ancienne activité physique et intellectuelle n’était plus la même ; il ne soupirait évidemment qu’à obtenir une grande quiétude dans l’exercice de son pouvoir. La dernière crise parlementaire, terminée si facilement, la lui procurait, et il s’y plaisait, sans entrevoir, peut-être, qu’il y avait un abîme au fond de cette situation anormale.

Cependant, les faits imputés à plusieurs individus résidant au Cap-Haïtien, pour avoir pris part au pillage de cette ville, étaient trop révoltans pour que le gouvernement n’en recherchât pas les preuves, afin de les faire poursuivre et punir. À cet effet, une commission d’enquête,

  1. En 1856, on a vu un grand Souverain, un noble cœur, en Europe, se porter lui-même au secours des populations de son Empire qu’une inondation extraordinaire exposait à tous les maux.

    En 1859, le Président Fabre Geffrard a prouvé aussi sa sollicitude envers la population de l’Anse-d’Eynaud, qui subit les désastres d’un ouragan ; ne pouvant s’y transporter, il y a envoyé un officier général chargé de distribuer des secours et d’exprimer ses sympathies.