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se soumettent avec plaisir au joug salutaire de la félicité publique, et ce joug ennoblit leurs affections, fait éclore les vertus privées et patriotiques, là où elles reçoivent les encouragemens du gouvernement et où les lois les honorent.

» Les lumières peuvent seules faire avancer un État, leur foyer est l’éducation ; si elle reçoit parmi nous des soins propres à lui imprimer une physionomie nationale, elle s’associera aux institutions et concourra avec elle à former les mœurs, l’esprit et le caractère de la nation. Toutefois, leur alliance donne de l’extension aux pensées, agrandit la sphère de la civilisation et fait du bonheur des peuples une science de tradition.

» Que l’agriculture, le commerce et l’industrie, ces législateurs du 19e siècle, deviennent les véhicules de notre prospérité future, et l’avenir est saisi !

» Alors le système social sera pondéré, les vices qui rongent le corps politique cesseront d’exister, et ces rapports annuels qui annoncent une administration florissante là où il n’existe qu’abandon et dépérissement, n’en imposeront plus à personne[1]. Alors, l’opinion, cette reine du monde, recouvrant sa noble indépendance, dispensera l’éloge et le blâme, sans craindre qu’on l’accuse d’être l’écho de la malveillance.

» L’armée que nécessitent les besoins de la paix, dépositaire de la gloire nationale, gardienne de nos sécurités, sanctifiera ces armes conquérantes de l’indépendance, en les dévouant à la défense des libertés publiques.

  1. À cette époque, Boyer obligeait les commandans d’arrondissement à lui faire un rapport, à la fin de chaque année, sur l’état des cultures, du commerce, sur la police, etc., et il faisait publier tous ces rapports. Au dire de presque tous ces officiers supérieurs, tout prospérait ; mais l’Opposition pensait le contraire.