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étaient au pouvoir, et alors c’était le règne des jeunes intelligences qui s’annonçait pour le saisir.

Quant au Temps, il avait déclaré qu’il ne ferait point de polémique : il se borna d’abord à exposer des faits sur toutes les questions, afin d’essayer de prouver quelle pays, qu’on prétendait être si rétrograde en toutes choses, avait fait des pas immenses dans la voie tracée aux nations pour parvenir à la civilisation. À l’égard des finances de l’État, il prouvait les économies opérées successivement par la haute administration sur toutes les branches des dépenses publiques. En traitant de l’agriculture, il prouva que ses produits avaient eu constamment une marche ascendante par le régime libéral de la République et par l’équitable distribution des terres en faveur de tous les citoyens. Sous le rapport de l’industrie, et particulièrement des arts et métiers, il disait qu’on n’était pas resté stationaire, qu’on avait fait des progrès réels. À la fin et malgré sa répugnance pour la polémique, il se vit obligé de soutenir la constitution contre les théories exposées par le Manifeste.

Mais le Temps fut-il lui-même soutenu par le gouvernement, ainsi qu’il en avait reçu l’assurance ? Les actes du pouvoir étaient-ils de nature à produire cet heureux résultat ? C’est ce dont on jugera par les événemens survenus durant cette année. Avant d’en parler, citons ce qui se passa dans un autre ordre d’idées, aussi intéressantes que celles qui ont en vue les intérêts matériels des peuples.

Le 29 janvier, pendant que l’amiral Arnous arrivait au Port-au-Prince, un autre personnage y débarquait d’un navire américain venant de New-York. Le révérend Joseph Rosati, évêque de Saint-Louis, dans l’État du Missouri (États-Unis), nommé légat du Saint-Père Grégoire XVI,