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Le 3 juillet, Boyer répondit à ce message en exprimant à la Chambre combien il était sensible à ses vœux pour sa conservation : « En associant mon bonheur à celui de la nation, la Chambre a toujours compris la pensée qui, seul, anime mon existence, et pour l’accomplissement de laquelle je consacrerai mes veilles et ma plus vive sollicitude. »

Enfin, il fallut clore la session. Le 10 juillet, la Chambre, réunie en séance publique, forma une députation pour aller annoncer cette fin de travaux au Président d’Haïti. H. Dumesle, en sa qualité de président, était placé pour la diriger ; mais avant de lever la séance, il prononça le discours suivant, vraie « protestation » contre le manque de tout projet de loi de la part du pouvoir exécutif, notamment en ce qui concernait la démarche infructueuse de la Chambre. Aussi bien, il nous faut produire ce discours tout entier, afin que l’on comprenne les événemens qui eurent lieu en 1838 ; car il en était comme le précurseur, H. Dumesle dit aux représentans :

« Législateurs, en terminant la première session de cette législature, j’éprouve le besoin de vous entretenir des hautes pensées qui en ont marqué le cours. Sans doute, elle a été stérile, si on la considère sous le point de vue des améliorations que le pays avait droit d’attendre ; mais cette stérilité ne nous a pas fait désespérer du bien public. Vous avez fécondé l’avenir, en jetant les semences de ces idées de rajeunissement social qui honorent l’intelligence du siècle, et si la nation vous demande ce que nous avons fait pour réaliser ses espérances, vous répondrez :

« Nous avons proclamé des principes dont les rapports intimes avec la loi des lois, font sentir la nécessité du perfectionnement politique et moral auquel toute société doit