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l’Anse-à-Veau, contre le représentant Dézé Gourdon, de la même commune, pour une rixe survenue entre eux après un duel convenu et qui ne fut pas effectué. Le tribunal s’étant décliné en renvoyant le plaignant pardevant qui de droit, il s’adressa à la Chambre, en transformant sa plainte et donnant au fait un caractère de tentative d’assassinat sur sa personne. Néanmoins, la Chambre observa les dispositions de la constitution, entendit son membre accusé qui se disculpa à ses yeux ; elle décida qu’il n’y avait pas lieu à admettre la plainte.

Cette affaire fournit l’occasion à plusieurs représentans de faire des discours ; elle fut même suspendue, séance tenante, sur la motion de D. Saint-Preux tendante à faire prêter préalablement, aux membres de la Chambre, le serment établi par le règlement que, jusqu’au 3 juillet, les législateurs avaient négligé de prêter, malgré toute l’emphase du rapport de la commission. À cette occasion, D. Saint-Preux, dans sa motion, prononça des paroles acerbes dont le sens était évidemment à l’adresse de ses collègues, notamment Latortue (des Gonaïves), qui, ayant fait partie de la 4e législature, avaient été réélus comme lui. Ce député n’avait pas, comme H. Dumesle, l’avantage de se posséder, de modérer sa fougue. Latortue, Phanor Dupin et d’autres ne répondirent point à ces paroles ; mais plus tard ils se trouvèrent dans la position de prendre leur revanche, par une nouvelle intempérance de langage de la part du même orateur.

À l’une des séances du mois de juin, le représentant Couret, du Port-au-Prince, avait fait la proposition d’adresser un message au Président d’Haïti, pour lui exposer la situation fâcheuse où se trouvait le commerce du pays, par suite, disait-il, de la loi de 1835 sur le payement des