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tant de la nation de toute la considération qui lui est due, c’est proclamer la majesté du peuple ; et, en inspirant cette grande idée, la Chambre s’honorera elle-même. Toutefois, elle prouve que le sentiment de la liberté, cette source de noble et sublime enthousiasme, de pensées fécondes et pures, d’où jaillissent l’esprit d’examen, l’indépendance d’opinion et les lumières de l’évidence, est compatible avec le plus haut degré de respect. » — La commission disait encore que : « Comme représentant de tous les vœux, de tous les besoins du pays, la Chambre ne peut se borner à répondre, par l’organe de son président, au discours d’ouverture du Président d’Haïti : une adresse, rédigée dans le calme de la méditation et solennellement votée, est destinée à apporter au premier magistrat de la République, l’expression des sentimens de la nation et de ses vœux pour la prospérité publique. »

Il n’en fallait pas davantage pour rallier autour de la Chambre des communes l’esprit de la jeunesse possédant des lumières, celui des hommes d’un âge mûr qui désiraient quelque éclat pour Haïti dans la discussion de ses intérêts de toute nature. Ceux mêmes qui étaient le plus dévoués à Boyer personnellement, ou à son gouvernement qui avait réalisé déjà des choses importantes pour le pays, n’avaient rien à dire de la Chambre qui observait ainsi envers lui toutes les formes usitées dans le régime représentatif. Et l’Opposition voyait avec plaisir son drapeau arboré par celui qui savait exprimer ses opinions et qui était déjà devenu son chef.

Quant à H.Dumesle et D. Saint-Preux, en faisant abstraction de leur ambition (dont on ne saurait leur faire un reproche, puisque tout homme a la sienne), on ne peut se