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Madame Izidor, et celui d’Izidor à la Grande-Rivière où il fut enterré[1].

La nouvelle de l’événement du Cap-Haïtien était parvenue à Boyer le 31 janvier. Pendant qu’il expédiait le capitaine Ethéart, des grenadiers à cheval de la garde, porteur de ses ordres aux généraux Bonnet, à Saint-Marc ; Guerrier, à Saint-Michel ; Monpoint, à la Grande-Rivière, pour qu’ils concourussent à la répression de cette révolte, il expédiait aussi le capitaine Lestage, de l’artillerie de la garde, porteur des mêmes ordres aux généraux Beauvoir, aux Gonaïves ; Obas, à Plaisance, et Léo, au Cap-Haïtien, ce dernier devant opérer l’arrestation de tous prévenus de complicité à l’attentat d’Izidor Gabriel, pour les faire juger[2]. Une proclamation du 31 janvier renouvelait les mêmes ordres, en annonçant l’événement à la République. Le Président y disait que « depuis quelque temps, le gouvernement était instruit que des ambitieux machinaient sourdement le renversement de l’ordre et de la paix qui font leur désespoir, etc. » Il félicita, au nom de la nation, la garde nationale et les troupes, le général Léo et toutes les autorités du Cap-Haïtien, de leur conduite en cette circonstance ; il dit qu’ils avaient bien mérité de la patrie. Le 8 février, un ordre du jour adressé « à l’armée, » annonça que « le régiment des carabiniers de la garde était rayé de son tableau, » en ordonnant que les officiers, les sous-officiers

  1. Hélas ! qui eût cru alors qu’un jour arriverait où les ossemens du révolté seraient exhumés, pour recevoir les funérailles et les honneurs dus à un général de division ! On a assisté à ce spectacle en mai 1843. — Madame Izidor fut accusée, dans le temps, d’avoir pousse son mari à prendre l’initiative de la révolte, parce qu’elle aurait été mécontente de Boyer qu’elle supposait avoir influencé le tribunal de cassation, dans un procès qu’eut son fils Harmonide avec sa femme divorcée ; procès qu’il perdit.
  2. Nous croyons qu’il y en eut qui furent condamnés mort et exécutés, mais nous ne nous ressouvenons pas de leurs noms ; c’étaient probablement des officiers du 1er escadron des carabiniers.