Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre Haïti et la France, pour fixer désormais les rapports politiques entre les deux pays, et afin d’effacer à jamais ce que l’ordonnance de 1825 renferme de vague à l’égard de la reconnaissance de l’indépendance nationale. Un tel traité, indépendant de la convention financière qui réglera le solde de l’indemnité et le délai accordé pour le payer, est tellement important pour l’honneur du peuple haïtien, qu’il doit être la condition sine quâ non de l’accomplissement des obligations d’Haïti envers la France : telle est l’opinion du Sénat.

» Mais il ne devait pas en être ainsi, par rapport aux avances que le trésor royal de France fit, dans le temps, pour le service l’emprunt contracté en 1825 par la République ; le Sénat approuve donc les sacrifices que V. E. s’est vue obligée de faire pour payer la somme réclamée par M. le capitaine de vaisseau Dupetit-Thouars, au nom de son gouvernement, et il verrait également avec plaisir les efforts du gouvernement haïtien pour reprendre le plus tôt possible le service arriéré de cet emprunt contracté sous la foi de l’honneur national.

» De telles dispositions vous font déjà pressentir, Président, le vœu du Sénat et son opinion à l’égard de la prétention qu’élève aujourd’hui le cabinet français pour le règlement de ce qui a trait à cet emprunt. La République ne saurait souffrir que la France intervienne dans les affaires qu’elle a contractées avec des particuliers ; et lorsque la France n’agit pas ainsi à l’égard d’autres pays, ce serait témoigner qu’elle veut placer Haïti dans un cas exceptionnel, et cela même serait une injure.

» En résumant donc les opinions émises plus haut, le Sénat pense que le gouvernement haïtien doit persister dans les propositions qu’il a faites au gouvernement français, par