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Depuis 1825, une industrie lucrative avait pris naissance sur les rives de l’Artibonite : — la coupe, l’exploitation des bois d’acajou. Des forêts vierges et immenses existaient dans les communes de Hinche, de Banica, de Saint-Michel de l’Alalaya, de Las Matas, etc., de ce bois précieux, et jusqu’alors les habitans de ces lieux, ceux des autres communes que traverse le fleuve haïtien, ne pensaient pas à en tirer parti pour le commerce ; ils croyaient que cette industrie, séculaire dans la partie de l’Est, était réservée aux habitans de Santo-Domingo, de Puerto-Plate, etc. Une circonstance fortuite amena le citoyen J. C. Débrosse, résidant aux Gonaïves, à réfléchir sur la possibilité d’utiliser les eaux de l’Artibonite pour porter à son embouchure dans la mer, les billes d’acajou que l’on produirait dans les communes citées ci-dessus ; d’autres rivières y ayant leurs affluens, devaient concourir aussi à créer cette industrie ; ce sont le Guayamuca, les Canas, le Marcassita, le Todomondo, le Mataya, etc. Plein de cette idée heureuse, M. Débrosse se mit à l’œuvre, et bientôt, après des peines infinies néanmoins, il jeta dans l’Artibonite une centaine de billes dont la plus grande partie fut perdue, car il ne parvint à réunir que 15 à son embouchure. Son entreprise avait réussi toutefois ; dans ce premier essai il avait acquis l’expérience nécessaire pour la continuer plus fructueusement, et il réussit mieux. Il ne tarda pas à avoir, sinon des concurrens, du moins des imitateurs dans les citoyens J. Verna, Samuel Dupré, Bataille, Milieu Zamor, Alix Rossignol, Basquiat, P. Dessert, Lewis Pouilh, Dubuisson, etc.

Tous réussirent, comme leur devancier, à activer la production nouvelle née sur les bords de l’Artibonite ; et c’est avec une orgueilleuse satisfaction que nous citons leurs noms, car ces enfans d’Haïti ont prouvé que leurs sembla-