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150 millions de francs à 75 millions ; et en précomptant les 30 millions déjà payés, moins 700 mille francs encore dus, ce seraient 45 millions à payer par Haïti pour se libérer envers le gouvernement français. Exposant la situation de la République, dénuée de ressources et obligée à rembourser en outre les obligations de son emprunt de 1825, la dépêche demandait 45 années de délai pour payer ce solde, à un million par an. En même temps, elle offrait d’acquitter de suite les avances faites par le trésor public de France pour le service de l’emprunt et s’élevant à la somme de 4,848,905 francs. Elle fut confiée à M. J.-P. Vaur, Français négociant à Haïti, qui se rendait en Europe, pour être remise à M. Laffitte, chargé de la présenter au ministre des affaires étrangères. Cette dépêche reproduisit d’ailleurs les autres propositions contenues dans la note verbale du 22 juin 1832.

M. le duc de Broglie y répondit le 31 juillet 1833. Il dit : « qu’il voyait que le gouvernement haïtien était disposé à se replacer vis-à-vis de la France sur le terrain de l’ordonnance du 17 avril ; que la France n’était pas éloignée d’admettre, le cas échéant, une réduction de l’indemnité ; et il laissa entendre que si on ne terminait pas dans une nouvelle négociation, la France et Haïti seraient replacées dans la situation où elles étaient avant l’année 1825. »

Cette dépêche du ministre français avait un grand mérite : c’était d’avouer l’arrière-pensée conçue au moment de la rédaction de l’ordonnance de 1825 ; elle faisait ressortir ainsi le plan du gouvernement de la Restauration. Mais celui de Juillet, essentiellement libéral par son origine même, ne pouvait recueillir un si odieux héritage ; il l’avait prouvé dans les traités de 1831, ratifiés par Louis-Philippe ; et