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il invita la Chambre de charger un comité de ses membres de formuler un projet qu’il ferait examiner ensuite. La Chambre déféra à cette invitation : ce comité était présidé par Hérard Dumesle, il s’occupa activement de ce travail qu’il ne tarda pas à présenter. Le Président nomma une commission pour l’examiner : elle était dirigée par le général Inginac. Il y eut des conférences entre le comité et la commission, et dissentiment entre eux par rapport aux conditions de l’électorat. Boyer adopta un projet rédigé par la commission, qu’il proposa à la Chambre. Les membres du comité, dont D. Saint-Preux faisait aussi partie, le combattirent avec une violence empreinte d’amour-propre. On imputa à ce représentant d’avoir dit, en comité général, des paroles offensantes pour le caractère et les vues du Président, lesquelles paroles auraient excité le mécontentement de ses collègues, du Nord surtout et ceux de l’Est[1]. Informé de cela, le Président retira son projet de loi.

D’un autre côté, entre les représentans eux-mêmes il n’y avait pas un accord parfait, et cela tenait à une question d’influence qui s’agite presque toujours dans toute assemblée politique. Elle surgit, dès la réunion de la Chambre, entre Milscent appuyé de Latortue, d’une part, et Hérard Dumesle secondé par David Saint-Preux, de l’autre. Tous quatre avocats, s’exprimant avec facilité, il était naturel qu’ils aspirassent à diriger leurs collègues.

Jusqu’alors, la Chambre des communes avait été presque

  1. À cette époque, on imputa à D. Saint-Preux d’avoir dit que, par le projet de loi, Boyer voulait « favoriser les mulâtres plus que les noirs, » par les conditions mises à l’électorat, lesquelles tendaient, croyait-il, à écarter ces derniers des assemblées communales, particulièrement ceux des campagnes.

    Le projet du comité de la Chambre fut publie dans la Feuille du Commerce du 17 juin 1832, évidemment par le soin de l’un de ses membres qui s’entendait avec l’éditeur.