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sur notre horizon serait bientôt obscurcie, s’ils n’obtenaient des encouragemens indispensables à leurs progrès ; l’éducation, ce bienfait inexprimable, a besoin, pour produire d’heureux fruits, de prendre une physionomie toute nationale. Depuis longtemps on sent le besoin d’un mode électoral, et déjà on a pu apprécier les oscillations auxquelles l’absence d’une loi réglementaire pouvait livrer les assemblés communales. Le recrutement… sollicite, pour être en harmonie avec notre système social, des règles aussi fixes que celles de la discipline… Il faut, Président d’Haïti, donner à la loi toute la perfection dont elle est susceptible,… poser les bornes de la responsabilité de ceux dont la charge est d’en assurer l’exécution ; il faut, peut-être, retoucher nos institutions judiciaires… Rappeler tous ces objets au chef auguste,… n’est-ce pas célébrer son génie ?… Les orateurs du pouvoir exécutif trouveront dans les discours des orateurs de la Chambre, lorsqu’ils seront appelés à discuter les projets de loi, des inspirations patriotiques…[1]. »

La Chambre vota, le 16 avril, un règlement pour sa police intérieure. L’art. 20 disait : « Il sera érigé dans la salle des séances de la Chambre deux tribunes destinées aux orateurs de la Chambre et à ceux du gouvernement.[2] »

  1. Il y a tout lieu de croire que cette adresse fut rédigée par Hérard Dumesle ; on y trouve son style et ses idées qu’il reproduisit en 1833. La députation qui l’apporta à Boyer se félicita de l’accueil qu’elle en avait reçu, et le Bulletin des lois, no 2, de cette année, dit ; « C’est encore pour nous un sujet de regret, de ne pouvoir consigner ici la réponse du Président d’Haïti : nous aurons souvent ce chagrin, car ordinairement il improvise les plus grandes idées. »
  2. Ce règlement fut publie dans le no 4 du Bulletin des lois, avec l’avis suivant : « La Chambre, voulant tenu le public en garde contre l’infidélité des rapports de certain folliculaire, déclare qu’elle n’avoue les faits attribués à ses membres, qu’autant qu’ils sont consignés dans le Bulletin des lois. »

    Cet avis concernait des articles publiés dans la Feuille du Commerce par M. Courtois, son éditeur, qui tendaient à exciter une opposition dans la Chambre, à faire naître la méfiance entre elle et le pouvoir exécutif.