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événemens qui s’y étaient passés en avril 1831, soit qu’on sentît davantage l’importance de la Chambre des communes dans l’Etat ; dans les autres grandes villes et dans tous les bourgs également, chacun se prépara à s’y trouver pour élire les citoyens de son choix ou être élu soi-même. La proclamation du 5 janvier semblait avoir, par ses termes, servi de stimulant à ce concours. Jusqu’alors, on avait pensé que les militaires ne devaient pas y prendre part ; mais beaucoup d’entre les plus éclairés parmi eux, ayant réclamé leur titre de citoyen pour y être admis, — l’armée de la République n’étant qu’une « garde nationale soldée, » — le général Lerebours, au Port-au-Prince, le général Carrié, à Santo-Domingo et en l’absence du général Borgella, et d’autres aussi, autorisèrent les militaires des garnisons de ces villes à aller voter dans les assemblées communales.

À la capitale, nous devons le dire dans l’intérêt de la vérité historique, le commandant de l’arrondissement voulut déjouer ainsi les intrigues des nombreux opposans de la localité. Il réussit à faire élire des citoyens modérés dont le choix préalable fut concerté entre lui et quelques fonctionnaires publics ; mais on devra nous croire, quand nous dirons qu’il agit en cette circonstance sans entente avec Boyer et qu’il en fut même blâmé. Le Président sembla craindre que l’esprit des troupes n’éprouvât une altération par leur participation avec les citoyens de la classe civile dans les opérations électorales.

Le général Borgella avait obtenu du Président l’autorisation d’aller dans le Sud, par rapport à ses propriétés que l’ouragan de 1831 avait dévastées ; il y arriva après la mort du général Marion. Sur le point de retourner à Santo-Domingo, en mars 1832, il reçut de Boyer l’invitation pressante et amicale de prendre le commandement de l’arron-