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la conversation, elle trouvait aussi à la capitale une sorte d’organe en un journal hebdomadaire fondé depuis 1825, par M. J. Courtois, imprimeur, sous le titre de Feuille du Commerce ; et cet éditeur était lui-même l’un des opposans, à en juger par la tournure de son esprit et par les articles qu’il y publiait de son crû[1]. Cependant, il faut lui rendre cette justice, de dire que, moyennant finance, il y accueillait aussi bien tout article en faveur du gouvernement ou simplement écrit dans un but d’utilité générale.

Dès le mois d’août 1830, une nouvelle feuille hebdomadaire avait paru au Port-au-Prince, sous ce titre : le Phare. Comme il n’y avait que deux établissemens d’imprimerie, — celui de M. Courtois et celui de l’État, — force avait été à ses éditeurs de s’adresser à ce dernier pour sa publication. C’étaient MM. Duton Inginac, fils du général, et C. Nathan, avocat, liés par une étroite amitié. M. D. Inginac était l’un de ces jeunes hommes qui avaient reçu leur instruction au lycée national, et qui sentaient le besoin de se produire, de justifier de leurs lumières. M. Nathan avait reçu la sienne en France et était un esprit distingué autant qu’avocat très-capable et habile dans sa profession. L’imprimerie de l’État étant sous la surveillance du secrétaire général Inginac, son fils étant le principal rédacteur du Phare, et de plus, employé au secrétariat général et allié du Président par son mariage avec l’une de ses nièces, ce journal avait été mal accueilli par l’Opposition qui le considérait comme un organe du gouvernement, ou du moins du secrétaire général auquel on était aussi opposé qu’à Boyer lui-même. Cependant, ses rédacteurs y publiaient des articles d’intérêt géné-

  1. Ce n’est pas le gouvernement seul qui était l’objet des articles de cet éditeur, des fonctionnaires publics, des particuliers ont eu plus d’une fois raison de s’en plaindre, et des procès ont eu lieu entre eux et lui par-devant les tribunaux.