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rent trois commissaires au Cap l’informer de sa nomination et l’inviter à se rendre auprès d’eux. Parti du Cap sur un bateau, Borel entra au Môle où il joignit Dumontellier et ses sicaires, et une infinité d’autres misérables brigands, tels qu’on en voyait dans toutes les villes de la colonie à cette époque : quelques-uns de ceux de sa troupe des Vérettes s’y trouvaient aussi. La municipalité du Port-au-Prince avait expédié plusieurs bâtimens pour les recueillir. Borel forma au Môle une flottille de onze voiles et se mit en route. Mais arrivé dans le petit golfe de l’Ouest, il fut personnellement capturé par le vaisseau le Borée que montait M. de Grimouard, qui amena à Saint-Marc le navire sur lequel il se trouvait. Roume et Blanchelande le livrèrent au jugement de la sénéchaussée de cette ville, à raison des déprédations et des meurtres qu’il avait commis dans l’Artibonite. Mais l’assemblée coloniale, dont il était membre, ne tarda pas à réclamer sa mise en liberté, comme inviolable en cette qualité : la faiblesse de Blanchelande céda à cette réclamation et fut cause que, par la suite, Borel put organiser au Port-au-Prince une résistance contre Polvérel et Sonthonax, dont nous aurons occasion de parler.

Roume et Blanchelande se disposèrent à aller au Port-au-Prince. Le premier, dans son rapport, fait connaître les conditions posées par les coalisés de Saint-Marc, pour concourir avec eux à soumettre le Port-au-Prince à leurs ordres ; il y rend justice à Pinchinat, Savary, Lapointe et Morin, qu’il vit à Saint-Marc, et qui justifièrent, dit-il, la haute réputation que lui avaient inspirée leur énergie, leur sagesse et leurs talens politiques et militaires.