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considérables aux victimes des désastres produits par l’insurrection dans le Nord : ces secours devaient consister surtout dans les forces militaires qu’on enverrait à Saint-Domingue.

Mais, lorsqu’on s’occupa de rechercher les causes de ces insurrections, les membres de l’assemblée furent divisés d’opinions. Les partisans exclusifs des colons, voulant le maintien du décret du 24 septembre, attribuèrent ces événemens à celui du 15 mai qui, selon eux, avait augmenté les prétentions des hommes de couleur et fomenté tous les troubles. Leurs adversaires conclurent, au contraire, que tous les maux nés dans la colonie venaient de l’inexécution de ce dernier décret et de l’impolitique mesure prise par celui du 24 septembre. Ils firent valoir les concordats consentis par les colons eux-mêmes avec les hommes de couleur, pour prouver la nécessité de rapporter ce dernier décret ; ils demandèrent enfin la ratification des concordats, telle que l’avaient espérée les hommes de couleur, telle qu’avaient semblé y consentir les colons, lorsqu’ils soumirent celui du 23 octobre, fait sur l’habitation Damiens, à la sanction de l’assemblée nationale. Leur but, en cela, était d’empêcher que les secours militaires, votés par l’assemblée, ne fussent employés contre les hommes de couleur. Guadet en fît l’objet d’une motion expresse « en déclarant, dit Garran, que l’assemblée nationale serait responsable de tout le sang qui serait versé, si elle tardait plus longtemps à se prononcer sur cette question. »

Charles Tarbé, député de la Seine-Inférieure, chargé de faire un rapport sur les troubles de la colonie, et gagné par le club Massiac et les autres colons, conclut naturelle-