Membre du souverain dans mon pays, j’ai le droit d’examiner ce qui, dans son passé, a nui à son avancement : j’ai le droit d’examiner ce qui peut profiter à son avenir. Mon devoir est de le dire franchement, librement à mes concitoyens.
Descendant de cette race africaine qui a été si longtemps persécutée, méprisée sur le sol où j’ai pris naissance, qui l’est encore dans presque tous les États du Nouveau-Monde, je dois faire consister mon orgueil à contribuer par mes idées, par l’exposé de ses droits, à la relever de ces outrages dans l’estime des hommes généreux qui liront cet ouvrage.
C’est peut-être une obligation imposée plus particulièrement aux Haïtiens. Parmi eux, une génération entière s’est dévouée à la conquête de ces droits par les armes. Elle a rempli sa tâche avec éclat, avec un glorieux succès. Elle a déjà disparu. La génération qui a hérité de ses travaux doit à sa mémoire de recueillir ses hauts faits pour les transmettre à la postérité : elle serait coupable de ne pas remplir ce devoir sacré.
Déjà, dans un faible essai, j’ai tâché de payer cette dette à nos devanciers. Je viens de nouveau unir mes efforts à ceux de deux de mes compatriotes qui, tout récemment, ont fait des publications dans les mêmes vues : l’un, en écrivant la Vie de Toussaint Louverture[1], l’autre, en traçant l’Histoire d’Haïti dans son ensemble[2]. Un troisième[3], en publiant le Recueil général des actes et des lois de notre pays depuis son indépendance, élève un