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LE LIEUTENANT MARQUISET.

Jusqu’à la fin de la campagne ils y furent employés concurremment avec la cavalerie. Le président de Lisac entre autres accomplit plusieurs missions particulièrement dangereuses : ce fut lui, après trois jours de combat devant Gray, qui entra tout seul dans la ville le 31 décembre au soir, à la suite des Prussiens qui l’évacuaient en toute hâte, y laissant 70 blessés à l’hôpital. Le corps franc n’y entra que le lendemain 1er janvier.

Mais nul plus que le lieutenant Marquiset ne fut chargé des missions à la fois plus délicates et variées. Dès le début de la guerre il s’était employé et avait réussi non sans peine à obtenir du général commandant à Besançon que la compagnie fut armée de chassepots.

Les reconnaissances les plus importantes ont été :

Dans la nuit du 16 au 17 août, de Lure sur Luxeuil.

Le 27 octobre, de Saint-Vit sur Marnay.

Le 10 novembre, de Fraisans sur Dôle.

Le 18 novembre, de Seurre sur Arvillars.

Enfin du 2 au 4 février 1871 ce fut lui qui reconnut l’itinéraire pour la traversée du Mont-Risoux, de Mouthe à Gex, par des sentiers recouverts d’un mètre de neige fraîchement tombée.

Les renseignements qu’il rapportait étaient toujours complets et sûrs.

Il conquit immédiatement la confiance et bientôt la plus entière amitié du colonel Bourras. Celui-ci en eût volontiers fait tout de suite son chef d’état-major et eût pris dans la compagnie de la Haute-Saône quelques collaborateurs immédiats pour son état-major, mais de tous ces francs-tireurs, gradés ou non, auxquels des fonctions spéciales furent offertes, aucun ne consentit jamais à quitter sa compagnie.

Aussi cette troupe d’élite était-elle presque toujours cantonnée dans la même localité que le chef du corps franc. Les autres compagnies étaient quelque peu froissées de cette préférence et elles le marquèrent en baptisant les francs-tireurs de la Haute-Saône du nom de Cent-Gardes.

Marquiset eut donc de suite dans le corps franc une situation prépondérante bien que dénuée de caractère officiel, et cette situation ne fit que s’accroître avec le temps. Il devint le confident sûr du colonel Bourras et parfois son conseiller. Quand