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118 CHAPITRE V.

quatrains du poème irlandais qui raconte la catastrophe de la tour de Conann, nous allons rapprocher de ce morceau la rédaction sensiblement différente que nous en a laissée Nennius. Nous avons déjà dit que, chez cet auteur, la légende de la tour n’a pas été rattachée à l’histoire de la race de Némed, et qu’elle fait partie de celle des fils de Milé. Le motif de cette modification est facile à concevoir. Nous avons vu que, suivant la rédaction chrétienne du désastre de la tour de Conann, les débris de l’armée irlandaise retournent dans leur île, puis vont s’établir en Orient, reviennent plus tard, et que d’eux descendent les habitants des Iles Britanniques à l’époque historique. On a conclu de là que les guerriers qui ont pris d’assaut la tour de Conann ne peuvent appartenir à la race de Némed, puisque, suivant les plus vieilles rédactions de la légende, tous les membres de cette race ont péri jusqu’au dernier, ou sont retournés en Espagne. Voici le récit de Nennius.

< Ensuite vinrent trois fils de Milé d’Espagne (1) » avec trente vaisseaux contenant chacun trente » hommes et autant d’épouses. Ils restèrent en Ir lande un an, puis ils aperçurent au milieu de la » mer une tour de verre, et ils voyaient sur la tour quelque chose qui ressemblait à des hommes,

(1) Militis Hispanis On pourrait comprendre d’un guerrier d’Espagne ; » mais Miles, Militis, est ici un nom propre, en irlandais Mile, génitif Miled. génitif JMe<