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core des bardes au huitième siècle. Et en effet, dans les lois galloises, dont les plus anciens manuscrits appartiennent au treizième siècle, mais dont le texte remonte évidemment à une date plus ancienne, le barde est un des personnages dont s’occupe le législateur. Dans le coda vénédotien, il est le huitième des fonctionnaires de la cour du roi ; dans le code dimétien, il est le onzième. C’est un de ceux qui s’asseoient à la table du roi[1].

Nous lisons dans le code vénédotien : Le huitième des officiers du roi est le barde du palais[2]. Il doit avoir sa terre libre, un cheval à sa disposition ; la reine lui fournit son linge, le roi ses vêtements de laine. Il doit, aux trois principales fêtes, s’asseoir à côté du chef de la maison du roi, qui lui met la harpe en main. Le régisseur du roi lui fournit des habits aux trois principales fêtes. Si la reine désire un chant, le barde du palais doit chanter pour elle aussi longtemps qu’elle en a envie ; et il faut qu’il le fasse à voix basse, de peur de troubler ceux qui sont dans la salle. Quand les gens du roi vont chercher du butin dans un pays voisin, le roi prend d’abord son tiers, puis le barde a droit à une vache ou à un bœuf ; et pendant qu’on fait le partage du reste, il doit chanter le poème qui commence par « Monarchie de Bretagne. » La valeur du barde du palais,

  1. Ancient Laws and Institutes of Wales, l841, pp. 2, 5, 15 et 16, 167, 185, 186.
  2. « Bard teulu, littéralement, « barde de la famille. »