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d’Etan, sa belle-sœur, tombe malade de douteur, et chantant en vers son infortune, il dit, entre autres choses, que « le son de sa crotta ne lui procure plus aucune joie[1]. »

Une crotta célèbre est celle de Dagdé, dont le nom veut dire « bon dieu[2]. » Dagdé était père de la déesse Brigit[3], qui elle-même était mère de trois dieux[4].

La crotta de Dagdé tomba entre les mains de l’ennemi dans la bataille mythique de Mag-Tured, où les Tuatha dê Danann, et parmi eux Dagdé, battirent les Fomori, c’est-à-dire une autre race divine. Les Fomori, vaincus, emportèrent avec eux cette crotta dans leur fuite et l’accrochèrent au mur de leur salle de festin ; mais, à l’appel magique de son maître, la crotta se détacha elle-même de la paroi a laquelle les Fomori l’avaient suspendue, et elle vint se placer

  1. « Ni-m-sasad ceol mo chruite » Tochmarc Etaine, 9, chez Windisch, Irische Texte, p. 123.
  2. (2) « Dagda idon dagh dé, idon dia soinemail ag-na-geintibh é, ar-do-adhradhais Tuatha dé Danann d’ô. Ar-ba dia talman d’oib ê. » Glose conservée dans un glossaire par le ms. H. 3. 18, du Trinity-College de Dublin, p. 582.
  3. « Brigit idon banfhile, ingen in-Dagdai. Is-eiside Brigit baneceas idon Brigit bandee no-adradis filid. Sanas Cormaic. » chez Whitley Stokes, Three irish glossaries, p. 8.
  4. (4) « Na tri dei Dana, tri maic Brigti banfhili idon Brian ocus luchar ocus Uar, tri maic Bressi, maic Eladan ; ocus Brigit banfhile ingeu in-Dagdai môir, rig hErend, am-mâthair. » Dialogue des deux docteurs, fac-similé du Livre de Leinster, p. 187, col. 3.