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CHAPITRE II.

LA LYRE DES BARDES. — LA CROTTA.

Diodore ne nous dit pas le nom de l’espèce de lyre dont se servaient les bardes. On peut supposer que cette lyre est la crotta dont en Gaule Fortunat, au sixième siècle, parle le premier. Faisant l’éloge de Loup, duc de Champagne, il s’écrie « Que chacun te vante par le procédé où il excelle, et en s’accompagnant, le Romain de la lyre, le barbare de la harpe, le Grec de la cithare d’Achille, le Breton de la crotta[1]. » Le plus ancien manuscrit irlandais où nous puissions aujourd’hui lire ce mot date du neuvième siècle ; ce sont les gloses du saint Paul de Wurzbourg, où le latin sive tibia sive cithara[2] est rendu par i-sind-buinniu no croit, et aut quod

  1. Fortunat, l. VII, c. 8 ; Migne, Patrologia latina, t. 8, col. 244 :

    Et, qua quisque valet, te prece, voce sonet,
    Romanusque lyra, plaudat tibi barbarus harpa.
    Græcus Achilliaca, chrotta Britanna canat.

  2. Ad Corinthios prima, c. 14, v. 7.