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qu’aujourd’hui. Cùchulainn est le héros d’Ulster, et le sujet du cycle épique est une lutte de l’Ulster contre le reste de l’Irlande. Dans cette lutte inégale, c’est à l’Ulster que reste l’avantage. Les diverses péripéties de cette guerre sont évidemment en grande partie des créations dues à l’imagination des auteurs ; mais il y a au fond certains faits réels qui paraissent dater des environs de la naissance de Jésus-Christ, tant du siècle qui l’a précédée que du siècle qui l’a suivie. Le troisième cycle a pour sujet principal les exploits de Finn et d’Ossin, chefs de la milice nationale d’Irlande, et une sorte d’histoire fabuleuse de l’Irlande à l’époque où paraissent avoir vécu ces deux personnages, c’est-à-dire au second et au troisième siècle de notre ère[1]. Dans ce cycle, comme dans le précédent, il est difficile de distinguer toujours avec certitude le point précis où finit la réalité et où commence la fiction. Outre ces trois grands cycles, la littérature épique irlandaise comprend quelques morceaux relatifs à des événements postérieurs.

Avant d’entreprendre l’étude des monuments divers dont cette littérature se compose, il y a une étude préalable dont nous ne pouvons nous dispenser, une question que nous devons d’abord nous poser, et laquelle il faut en premier lieu répondre. Quels sont les auteurs de la littérature épique de l’Irlande ?

  1. Sur ce cycle, voir principalement les six volumes in-8º publiés à Dublin par l’Ossianic Society, de 1854 à 1861.