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entra en lutte avec saint Jérôme joignait évidemment à la connaissance du latin une certaine culture littéraire. On était alors à la fin du quatrième siècle ou au commencement du cinquième. Mais le critique de saint Jérôme, comme, en gêneral, les Irlandais chrétiens, faisait exception au milieu d’une population alors presque entièrement païenne.

C’est à la fondation d’Armagh, métropole religieuse de l’Irlande chrétienne, que l’on peut faire remonter les premiers débuts d’une organisation de l’enseignement de la théologie chrétienne et des lettres classiques en Irlande. La date de ce grand événement n’est pas rigoureusement déterminée. Il se produisit vers le milieu du cinquième siècle[1]. Ses fruits n’apparaissent clairement qu’un siècle plus tard. Alors furent créés les principaux des grands monastères d’Irlande, centres littéraires en même temps que religieux, d’où un essaim d’apôtres rapporta, dans diverses régions du continent et dans la Grande-Bretagne redevenues barbares et restées en partie païennes, le culte des lettres classiques et l’enseignement théologique du christianisme.

Nous citerons l’abbaye de Clonard, fondée par

  1. 444 suivant les annales d’Ulster ; 457 suivant les Quatre Maîtres : O’Donovan, Annals of the kingdom of Ireland by the Four Masters, 1851, t. I, p. 142–143. Cf. O’Conor, Rerum hibernicarum scriptores, t. II, p. 104, qui propose l’année 445.