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emploient à revenir aux mêmes positions relatives. Telle était déjà aussi, dans le siècle de Platon (voir le Timée), la signification de ces deux mots : grande année.

Bérose, comme cela résulte d’un passage dont Sénèque a donné la traduction, ajoutait une condition à celle que renferme la définition précédente. Pour l’astronome chaldéen, la grande année commençait lorsque les disques des sept planètes se trouvaient situés sur une seule ligne droite ; elle finissait au moment où cette même disposition en enfilade se reproduisant, la ligne droite joignant toutes les planètes aboutissait de plus à l’étoile qui, à l’origine, était aussi sur ce prolongement.

À une époque où tant de philosophes se persuadaient que les destinées des hommes et même celles de la Terre, considérée en masse, étaient réglées par le cours des astres, il n’y avait rien d’outré à supposer que chaque grande année ramènerait la même suite, le même ordre de phénomènes moraux et physiques ; le même cours d’événements politiques ou militaires ; la même succession de personnages célèbres par leurs vertus, par leurs vices ou par leurs crimes. Dans ce système, l’histoire d’une seule grande année aurait été celle des suivantes.

Censorin, citant un écrit d’Aristote actuellement perdu, dit que l’hiver de la grande année est un cataclysme, un déluge, et l’été une conflagration.

Dans le passage déjà cité, conservé par Sénèque, Bérose le Chaldéen nous assure : « Que la Terre sera réduite en cendres, quand les astres qui suivent des routes diverses correspondront à la première étoile du Cancer, en telle sorte qu’une seule ligne droite puisse traverser tous