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CHAPITRE IX

historique de la découverte de l’aberration


Picard est, je crois, le premier qui ait reconnu qu’une étoile, la Polaire, subissait des déplacements sensibles dont la période était d’une année, et qui ne pouvaient pas être attribués à la parallaxe annuelle ; mais c’est Bradley qui a eu le mérite de constater que toutes les étoiles éprouvaient de pareils mouvements ; c’est à lui que revient aussi l’honneur infini d’en avoir assigné les lois et trouvé les causes physiques.

La découverte de l’aberration, de son observation, de sa théorie, est sans contredit l’une des plus belles découvertes dont l’astronomie moderne puisse se glorifier.

Dans l’explication de l’aberration, quelques auteurs, Euler, entre autres, se servent de la composition des mouvements qui s’opèrent dans l’œil. Les rayons partis d’une étoile, disent-ils, frappent l’œil du spectateur suivant la ligne qui joint cet organe à l’étoile ; mais comme l’œil n’est pas en repos et qu’il avance, suivant la direction de la tangente à l’orbite terrestre, l’effet des rayons en sera altéré ; la ligne suivant laquelle l’étoile sera vue s’obtiendra par la composition de deux mouvements, comme on le fait à l’égard de la direction du coup dans la collision des corps.

Cette manière de déterminer l’angle d’aberration par le principe du parallélogramme des forces n’est pas conforme au point de vue sous lequel Bradley avait envisagé le phénomène. On raconte même qu’il éprouva un