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semblables, il conclut que le tout attire la partie ; qu’ainsi la Terre attire les substances terrestres, la Lune les substances lunaires, le Soleil les substances solaires, et de même pour tous les autres corps célestes. Il ne va pas cependant jusqu’à admettre que les corps célestes s’attirent les uns les autres, mais il sent qu’il y a lieu d’examiner pourquoi la Lune ne tombe pas sur la Terre ; je prends la traduction d’Amyot :

« Et toutefois, il y a le mouvement de la Lune qui, en garde qu’elle ne tombe, et la violence de sa révolution, ne plus ne moins que les pierres et cailloux, et tout ce que l’on met dedans une fronde sont empeschés de tomber parce qu’on les tourne violemment en rond. Car chaque corps se meut selon son mouvement naturel, s’il n’y a autre cause qui l’en détourne. C’est pourquoi la Lune ne se meut point selon le mouvement de sa pesanteur, estant son inclination déboutée et empeschée par la violence de sa révolution circulaire. »

L’idée de la gravitation se précise d’âge en âge. Nous venons de voir les idées de Platon et d’Aristote, 400 ans avant notre ère. Au vie siècle, Simplicius exprime d’une manière générale cette pensée que l’équilibre des corps célestes tient à ce que la force centrifuge a la haute main sur la force qui attire ces corps vers les régions inférieures. Vers le même temps, Jean Philopon, élève d’Ammonius Herméas, attribue le mouvement des planètes à une impulsion primitive et à un effort constant pour tomber. Copernic, au milieu du xvie siècle, estime que la gravité est une attraction naturelle qui fait de chaque corps céleste un centre agissant sur le reste de