Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles atteignent même quelquefois la position verticale.

Les couches de sédiment inclinées qu’on voit sur les pentes des montagnes ont-elles pu s’y déposer dans des positions obliques ou verticales ? N’est-il pas plus naturel de supposer qu’elles formaient primitivement des bancs horizontaux, comme les couches contemporaines de même nature dont les plaines sont recouvertes, et qu’elles ont été soulevées et redressées au moment de la sortie des montagnes sur les flancs desquelles elles s’appuient ?

En thèse générale, il ne semble pas impossible que les pentes des montagnes aient été encroûtées sur place, et dans leur position actuelle, par des dépôts sédimenteux, puisque nous voyons journellement les parois verticales des vases dans lesquels des eaux séléniteuses s’évaporent, se recouvrir d’une couche saline dont l’épaisseur va continuellement en augmentant ; mais la question que nous nous sommes faite n’a pas cette généralité, car il s’agit seulement de savoir si les couches des terrains de sédiment connus ont été déposées ainsi. Or, à cela on doit répondre négativement ; je le prouverai par deux genres de considérations totalement différents.

Des observations géologiques incontestables ont montré que les couches calcaires qui constituent les cimes élevées de 3 000 à 4 000 mètres, du Buet en Savoie, et du Mont Perdu dans les Pyrénées, ont été formées en même temps que les craies des falaises de la Manche. Si la masse d’eau d’où ces terrains se sont précipités s’était élevée à une hauteur de 3 000 à 4 000 mètres, la France en aurait été entièrement couverte, et des dépôts analogues existeraient sur toutes les hauteurs inférieures à 3 000 mètres ;