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cevoir des traces de la couronne pendant les deux minutes qui suivirent le moment de l’émersion. À Danzig, M. Goujon aperçut la couronne quatre à cinq secondes avant la disparition du dernier rayon solaire.

En faisant une éclipse artificielle de Soleil, les astronomes Lahire et De l’Isle virent, autour du corps opaque qui couvrait l’astre, une couronne lumineuse semblable, à quelques égards, à celle dont la Lune est entourée pendant les éclipses naturelles. L’expérience des académiciens de Paris remonte à l’année 1715. Depuis cette époque, on s’est presque généralement accordé à regarder les deux phénomènes comme identiques ; l’auréole lunaire a été, dans l’opinion de la plupart des observateurs, le résultat de la déviation que les rayons solaires éprouvent en passant près des arêtes, près des surfaces terminales des corps qui existent sur le bord de la Lune ; on l’a considérée, pour me servir de l’expression des physiciens, comme un effet de diffraction.

La conclusion, je crois, a été un peu hâtive. Pour que l’éclipse artificielle pût être légitimement comparée à l’éclipse naturelle, il aurait fallu dans l’expérience de cabinet que, semblable à la Lune, le corps opaque occultant se trouvât dans le vide. Aujourd’hui on peut se croire autorisé à chercher, du moins en partie, la cause de l’auréole artificielle dans la lumière diffuse qui était répandue en tout sens par la couche d’air qui entourait le corps opaque.

Le vide est encore, à d’autres égards, une condition essentielle de la même expérience. Il paraît résulter de diverses observations, contredites au surplus par des phénomènes de diffraction, que l’air va croissant de densité