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mesure que le jour diminuait, leur marche se ralentissait ; elles paraissaient éprouver de l’hésitation. À l’instant où le Soleil disparaissait entièrement, je remarquai, malgré la faible lumière qui nous éclairait alors, que les fourmis s’arrêtèrent, mais sans abandonner les fardeaux qu’elles traînaient. Leur immobilité cessa dès que la lumière eut repris une certaine force, et bientôt elles se remirent en route. »

« À Montpellier on vit, dit M. l’abbé Peytal, des chevaux qui marchaient sur l’aire du battage du blé, se coucher ; des moutons dispersés sur la prairie, se réunir précipitamment comme dans un danger ; des poussins se grouper sous les ailes de la mère ; un pigeon, surpris par l’obscurité tandis qu’il volait, aller se heurter contre un mur, tomber tout étourdi et ne se relever qu’à la réapparition du Soleil. »

M. Lenthéric, professeur à Montpellier, a donné aussi quelques détails concernant les effets que l’éclipse totale produisit sur diverses espèces d’animaux. Des chauve-souris, croyant la nuit venue, quittèrent leurs retraites ; un hibou, sorti d’une tour de Saint-Pierre, traversa, en volant, la place du Peyrou ; les hirondelles disparurent ; les poules rentrèrent ; des bœufs, qui paissaient librement près de l’église de Maguelonne, se rangèrent en cercle, adossés les uns aux autres, les cornes en avant comme pour résister à une attaque.

Ce dernier fait eut pour témoin M. Laurent, secrétaire et agent comptable de la Faculté de médecine de Montpellier.

M. le docteur Arvedi, de l’École vétérinaire de Milan,