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les rayons qui lui parviennent ainsi exceptionnellement auront eu à éprouver une moindre réfraction ; cette lumière aura donc plus d’intensité dans les éclipses apogées que dans les éclipses périgées. C’est ce qui est confirmé par toutes les relations des astronomes.

Je ne dois pas dissimuler pourtant que cette explication, toute naturelle qu’elle peut paraître, a été révoquée en doute par des observateurs justement eélèbres.

Suivant les calculs de William Herschel, dans l’éclipse de Lune du 22 octobre 1790, il aurait fallu, pour rendre compte de l’arrivée des rayons solaires sur le corps de la Lune, qu’ils eussent éprouvé dans l’atmosphère terrestre une réfraction égale à 54′ 6″, ce qui lui paraissait impossible. Il préférait supposer, avec quelques anciens, que toutes les planètes, y compris la Lune, émettent une faible lumière. Mais comment l’illustre astronome n’a-t-il pas remarqué que, dans cette hypothèse, la Lune ne devait jamais disparaître en totalité. Or, les annales de l’astronomie renferment plusieurs observations d’éclipses totales de Lune, accompagnées d’une disparition complète de l’astre. Ainsi, Hévélius rapporte qu’on ne voyait aucune trace de notre satellite dans l’éclipse du 25 avril 1612. Maraldi dit avoir remarqué plusieurs fois le même phénomène. La Lune, suivant ce que racontent MM. Maedler et Beer, disparut aussi entièrement à Londres et à Dresde pendant l’éclipse du 10 juin 1816.

Ces disparitions complètes se concilient facilement avec l’hypothèse que nous avons discutée d’abord ; il suffira de supposer que les régions de notre atmosphère que doivent traverser les rayons qui peuvent parvenir à