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arriva ce jour-là ; lorsque le judicieux Petit nous apprend en outre que les ecclésiastiques, tant la consternation était grande, ne pouvaient suffire à confesser tous les effrayés ; ce qui par parenthèse, contraignit le curé d’un village près de Paris, à dire au prône que l’éclipse avait été remise à la quinzaine et qu’on pouvait en toute assurance ne pas tant se presser ? Je ne dissimulerai pas, toutefois, que le savant Vallisneri assure qu’étant à Padoue, convalescent d’une longue maladie, il éprouva lui-même, le 12 mai 1706, pendant une éclipse de Soleil, des faiblesses et des tremblements inusités ; que l’illustre Bacon s’évanouissait pendant toutes les éclipses de Lune et ne recouvrait ses sens qu’à mesure que l’astre revenait à la lumière ? Au reste, pour que ces deux exemples prouvassent sans réplique l’existence des influences lunaires, il faudrait établir que la faiblesse de caractère, que la pusillanimité ne se sont jamais alliées à d’éminentes qualités de l’intelligence ; or c’est une thèse dans laquelle je ne prétends pas m’engager.

Menuret considère les maladies cutanées comme celles dont les reprises se lient le plus incontestablement aux phases lunaires. Il assure avoir observé lui-même, en 1760, une teigne qui pendant la période du décours s’aggravait de plus en plus, parvenait à son maximum d’intensité vers la nouvelle Lune, envahissait alors tout le visage, la poitrine, et causait des démangeaisons insoutenables. Après cette époque tous les symptômes disparaissaient peu à peu, le visage se nettoyait ; tandis qu’on voyait les mêmes accidents recommencer dès que la pleine Lune était passée.