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de notre satellite[1] dont on suppose l’intelligence fort développée, ne manqueraient pas, dit-on, de comprendre que ce sont des signaux qu’on leur fait sur la Terre et s’empresseraient d’y répondre ! Mais c’est assez s’arrêter sur de pareilles imaginations ; hâtons-nous de passer à des objets plus sérieux, à l’influence prétendue de la Lune sur les maladies.

Dans un livre de 1399, un savant historien de la folie de Charles VI écrivait :

« Le roi qui avait recouvré la santé, célébra la solennité de Pâques en son hôtel royal de Saint-Paul, et, dans l’octave, il reçut dévotement de la main de l’évêque de Paris le sacrement de la confirmation… Chacun se réjouissait de sa convalescence, mais cet heureux état ne dura pas longtemps. Cette même année il retomba six fois en démence, soit à la nouvelle Lune, soit à la pleine Lune »

Il y aurait eu conséquemment six pleines et six nouvelles Lunes qui auraient été sans effet sur l’état mental de l’infortuné monarque, il n’est donc pas possible de tirer aucune conclusion raisonnée d’un fait qui, en le supposant exact, n’a pas été accompagné, par les chroniqueurs, des détails nécessaires pour entraîner la conviction de ceux qui envisagent de sang-froid les questions de cette nature.

Le médecin Joubert, chancelier de l’École de Méde-

  1. Cardan, dans les ouvrages duquel on trouve à la fois tant de science et tant de folie, raconte (je prends la citation dans Cyrano Bergerac), « qu’il reçut une fois la visite de deux vieillards, habitants de la Lune ! »