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On peut se demander comment on prouverait que la Terre, vue de la Lune et éclairée par le Soleil, brille d’un éclat analogue à celui de notre satellite. De prime abord on est disposé à résoudre la question négativement, mais en y réfléchissant un peu, on change d’avis.

Voici la série des raisonnements à l’aide desquels tous les doutes peuvent être écartés.

Ceux qui dans leurs voyages parcourent les montagnes, ont journellement l’occasion de s’assurer qu’un nuage éclairé par le Soleil est au moins aussi brillant par sa face supérieure que par sa face opposée. Eb bien, la Lune, vue en plein jour, est souvent confondue avec les nuages vus par leurs faces inférieures ; elle ne s’en distingue que par sa forme ronde et parfaitement tranchée. La Terre, vue des régions de l’espace, doit donc, quand elle est couverte de nuages, paraître au moins aussi brillante que la Lune.

Reste à examiner le cas où l’atmosphère est sereine, où la lumière que notre globe réfléchit provient de ses parties solides. Or, qu’on place dans une chambre noire une quelconque des roches non polies dont la Terre est formée, qu’on fasse tomber sur cette roche les rayons solaires, et on la verra briller d’un éclat comparable à celui de la Lune illuminant nos nuits.

Une circonstance faisait illusion dans l’observation en plein air sur l’intensité de la lumière réfléchie par une portion quelconque du terrain, c’était l’éclat des parties environnantes et aussi l’éclat de la lumière atmosphérique. Supprimez ces causes d’erreur en regardant un champ nu ou couvert de moissons à travers un long tuyau