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Le nombre des rainures aperçues par Schrœter, Pastorff, Gruithuysen, s’élevait à peine à 20 ; MM. Beer et Maedler en ont découvert 70 nouvelles.

On a cru pouvoir prouver par les observations, que les rainures se sont formées postérieurement aux grands cratères. Il a été constaté, par exemple, que la rainure qui traverse Hyginus a pénétré dans l’intérieur de ce cratère en brisant sa paroi.

Les rainures sont-elles les lits desséchés d’anciennes rivières ?

Telle est la question posée par MM. Beer et Maedler : ils l’ont résolue négativement ; ils se fondent surtout sur le rétrécissement des rainures à leurs extrémités, et sur leur grande profondeur ; ils ne croient pas en particulier que les eaux, s’il en a existé jadis à la surface de la Lune, pesant six fois moins que sur la Terre, aient pu creuser des lits de 400 à 600 mètres de profondeur.

Fontenelle rapporte (Entretiens, deuxième soir), que Dominique Cassini avait découvert dans la Lune « quelque chose qui se partage en deux, se réunit ensuite et va se perdre dans une espèce de puits. Nous pouvons nous flatter, ajoute-t-il, avec bien de l’apparence, que c’est une rivière. »

L’observation de Cassini n’était-elle pas relative à l’un de ces accidents du globe lunaire, dont nous venons de parler et auxquels on a donné le nom de rainures ?