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était évident, puisqu’un observateur placé en dehors de la courbe décrite, aurait vu successivement toutes les parties de l’astre.

Si la durée de temps que la Lune emploie à tourner sur elle-même est exactement égale à celle dont elle a besoin pour faire sa révolution autour de la Terre, la Lune doit nous présenter toujours la même face ; mais pour peu qu’il y eût la moindre inégalité entre ces deux durées, nous finirions par voir à la longue la région de l’astre qui est invisible aujourd’hui.

La différence entre la face vue dans une lunaison, comparée à la lunaison suivante, pourrait ne s’élever en angle qu’à une fraction de seconde, que dans la suite des siècles, cette fraction accumulée produirait des effets sensibles. En point de fait, on peut affirmer que les durées de la rotation et de la révolution de notre satellite sont exactement égales entre elles et que nous voyons aujourd’hui la même face de la Lune qui se montrait aux anciens il y a plus de 2 000 ans. En effet, aujourd’hui, quand la Lune est dans son plein, les parties obscures et lumineuses dessinent vaguement une sorte, de figure humaine, les deux yeux, le nez, la bouche. On avait, très anciennement, fait la même remarque.

Un poëte cité par Plutarque, Agesianax, avait décrit la figure lunaire dans des vers dont Amyot a donné la traduction suivante :

De feu luisant elle est environnée
Tout à l’entour ; la face enluminée
D’une pucelle apparoist au milieu,
De qui l’œil semble être plus vert que bleu,
La joue un peu de rouge colorée.