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célèbres à soutenir que l’axe de la Terre n’a pas toujours percé sa surface dans les mêmes points, et que, depuis l’origine, il s’est déplacé d’une quantité sensible. Il y a une cinquantaine d’années, ces considérations n’auraient pas été sans quelque force. Aujourd’hui que les mesures des degrés du méridien se sont tant multipliées, il ne sera pas difficile de les réfuter.

Si un léger écartement entre le petit axe de l’ellipse méridienne et la ligne des pôles, était la principale cause du désaccord qu’on trouve en comparant les valeurs des degrés déduites de l’observation avec celles qui résultent d’une certaine hypothèse d’aplatissement, ce désaccord aurait lieu toujours dans le même sens ; il augmenterait d’une manière graduelle, à mesure qu’on emploierait dans le calcul des arcs géodésiques séparés par de plus vastes intervalles. Mais ce n’est pas ainsi que les irrégularités se manifestent. Sur la même section méridienne, les longueurs de deux degrés contigus diffèrent quelquefois beaucoup. Il arrive même, dans certaines localités, que les degrés grandissent quand on marche vers l’équateur, comme si la Terre était allongée aux pôles. L’Italie a présenté récemment, sous ce rapport, dans une étendue très-bornée de terrain, d’énormes anomalies. Cette confusion, en apparence inextricable, est le simple effet d’attractions locales. Anciennement, on n’aurait voulu croire à ces attractions que près des montagnes ; mais l’expérience a parlé : au milieu d’une vaste plaine, des accidents géologiques dont l’observateur ne peut pas même soupçonner l’existence, dévient quelquefois le fil à plomb sept à huit fois plus que le Chimborazo ne le fit