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microscopiques sur l’immense scorie qui forme la croûte de la Terre..

L’idée de la chaleur centrale du globe terrestre n’est pas nouvelle. Descartes a écrit qu’à l’origine la Terre ne différait en rien du Soleil, sinon qu’elle était plus petite. Leibnitz s’est approprié cette hypothèse et a essayé d’en déduire le mode de formation des diverses enveloppes solides dont notre globe se compose. Nous avons vu (liv. xvii, chap. xxxii, t. ii, p. 450) que Buffon donna à la même supposition le poids de son éloquente autorité ; d’après ce grand naturaliste, les planètes du système solaire ne seraient que de simples parcelles du Soleil qu’un choc de comètes en aurait détachées, il y a quelques milliers d’années.

À l’appui de l’origine ignée de notre globe, Mairan et Buffon citaient déjà les hautes températures des mines profondes. Les observations modernes faites dans une multitude de mines, et celles de la température de l’eau des sources et des fontaines jaillissantes, venant de différentes profondeurs, s’accordent toutes pour donner un accroissement d’un degré centigrade pour environ trente mètres d’enfoncement. On trouvera ces observations réunies dans un chapitre de ma Notice sur les puits artésiens[1]. En admettant la constance de l’élévation progressive de la température à mesure qu’on descend plus avant dans l’intérieur de la Terre, on trouve qu’à huit ou neuf lieues au-dessous de la surface que nous habitons, c’est à-dire à une profondeur seulement quatre ou cinq fois

  1. T. VI des Œuvres, t. III des Notices scientifiques, p. 316.