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CHAPITRE XVII

profondeurs des mers


L’esprit est naturellement conduit à rapprocher les hauteurs des montagnes des profondeurs de l’Océan. Les anciens se sont livrés à des considérations de cette nature. On trouve dans la vie de Paul-Émile de Plutarque qu’une inscription qui se trouvait placée au mont Olympe, et qui indiquait le résultat de la mesure faite par Xénagore, était ainsi conçue : « Les géomètres pensent qu’en aucun point la hauteur des montagnes, ni la profondeur de la mer, ne dépassent dix stades (1 847 mètres). » Cléomède exprime la même opinion, en portant seulement à la moitié en plus les maxima des hauteurs et des profondeurs. « Ceux, dit-il, qui mettent en doute la forme sphérique de la Terre, à cause des cavités de la mer et des montagnes, en jugent peu justement, car il n’y a pas de montagnes qui aient plus de 15 stades (2 770 mètres), et telle est aussi la profondeur de l’Océan. » Parmi les modernes, l’illustre auteur de la Mécanique céleste conclut de ses calculs sur l’aplatissement de notre globe que la profondeur moyenne de la mer doit former seulement une petite fraction de l’excès du rayon de l’équateur sur celui du pôle, excès que nous avons dit être de 21 318 mètres (chap. i, p. 2). Selon le grand géomètre, la profondeur moyenne des mers est du même ordre que la hauteur moyenne des continents et des îles au-dessus de son niveau. Laplace ajoute : « Mais de même que de hautes montagnes recouvrent quelques parties