Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours une dépression sensible, une légère cavité ; en bien, la mer Caspienne et les pays circonvoisins seraient la dépression résultante du ricochement d’un boulet de dimensions immenses, je veux dire d’une comète.

Dans l’état actuel des connaissances géologiques, cette idée de Halley n’obtiendrait pas grande faveur. Personne ne doute aujourd’hui que les pics isolés, que les chaînes de montagnes les plus longues et les plus élevées, ne soient sorties du sein de la Terre par voie de soulèvement, ainsi que je l’ai fait voir dans les chapitres précédents. Or, qui dit soulèvement entend, par cela même, production d’un vide sous les terrains circonvoisins, et possibilité de leur affaissement ultérieur.

En jetant les yeux sur les cartes géographiques (fig. 244 et 245, p. 176 et 177), on verra aisément qu’aucune partie du monde n’offre autant de masses soulevées que l’Asie. Autour de la mer Caspienne se trouvent les grands plateaux de l’Iran et de l’Asie centrale ; les chaînes de l’Himalaya, du Kuen-Lun, du Thian-Chan ; les montagnes de l’Arménie, celles d’Erzerum et le Caucase. Dès lors, sans recourir à une comète, n’est-il pas naturel de supposer, comme le fait M. de Humboldt dans ses excellents Fragments asiatiques, que le soulèvement des énormes masses de terrain dont je viens de parler, a dû suffire pour amener un affaissement sensible dans tous les lieux intermédiaires ? Cette solution du curieux problème de géographie physique que le littoral de la Russie européenne a fait naître, pourrait d’autant moins donner naissance à des difficultés sérieuses, que dans les régions dont il s’agit, le sol, aujourd’hui même, n’est pas encore