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MM. de Humboldt et Boussingault, puis le colonel Hall, et M. Wisse l’ont vu brûler lors des périlleuses ascensions qu’ils exécutèrent en 1802, 1831, 1832 et 1845.

On ne connaît pas d’éruption de l’Antisana postérieure à 1590.

Le Cotopaxi a fait éruption en 1742, pendant que les académiciens français mesuraient dans le voisinage un degré du méridien. La colonne de flammes et de matières embrasées s’éleva à 250 mètres plus haut que la montagne. Les neiges entassées pendant deux siècles, depuis le sommet jusqu’à 250 mètres au-dessous, furent fondues en masse ; le torrent qui en résulta se précipita dans la plaine avec impétuosité, formant des vagues de 20 à 30 mètres de hauteur. À trois ou quatre lieues de la montagne, la vitesse des eaux, d’après l’estimation de Bouguer, était encore de 13 à 17 mètres par seconde. Six cents maisons furent rasées ; le torrent engloutit 700 à 800 personnes. Les éruptions de 1743 et de 1744 furent encore plus désastreuses.

Bouguer et La Condamine, ayant examiné les traces encore visibles de la grande éruption de 1533, dont le souvenir s’est conservé de génération en génération parmi les habitants du pays, ont reconnu que le volcan lança alors à plus de trois lieues de distance des pierres de 89 à 111 mètres cubes, beaucoup plus grosses, en un mot, pour me servir de l’expression de La Condamine, qu’une chaumière d’Indien[1]. L’origine de ces pierres ne pouvait pas être douteuse : elles formaient en tous sens des traî-

  1. La plupart de ces blocs de trachytes ont, d’après les mesures de M. Boussingault, de 25 à 30 mètres cubes.