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mant en cratère, vomit avec de grandes convulsions des torrents de feu, des scories, des pierres et des cendres. »

Ces paroles semblent ne laisser aucun doute sur le mouvement du sol, à moins que l’on ne veuille soutenir la subtile explication donnée par l’auteur même que je viens de citer. Voici ce second passage : « La mer se retira d’abord, uniquement, sans doute, parce que les exhalaisons cherchant une issue, écartèrent les parties du sol, et que la Terre, comme altérée, absorba l’eau par les petites fentes ; d’où il résulte que cette portion de terrain, jusqu’alors baignée par la mer, demeura à sec, et que le rivage s’éleva par l’accumulation des cendres et des pierres. » Mais à côté du soulèvement visible d’une partie du terrain « magnus terrœ tractus… sese érigere videbalur » pourquoi chercher une explication compliquée et difficile où l’on ne voit pas bien comment l’eau qui devait sans cesse affluer pour s’engloutir dans des crevasses, laissait les cendres et les pierres s’accumuler pour élever le rivage ?

Et cette élévation ne fut pas peu considérable ; car le sol, d’après les auteurs cités plus haut, avait dû, antérieurement à 1538, s’être abaissé jusqu’à 5m,7 environ au-dessous de la hauteur actuelle ; au commencement du xixe siècle, il était au-dessus de cette hauteur actuelle de 0m,65. L’exhaussement total, en 1538, n’a donc pu être de moins de 6m,3, limite qu’il a probablement dépassée, puisque le mouvement descendant que l’on remarque aujourd’hui n’a pas dû commencer seulement avec ces dernières années.