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vait, en 1580, que cinquante ans avant cette époque on péchait là où se voyaient de son temps des ruines antiques, entre Pouzzoles et le lac Lucrin. Or, comment la mer pourrait-elle se retirer en s’abaissant ainsi d’une manière permanente en un point d’un golfe, sans s’abaisser et se retirer en même temps dans les points voisins ? Et cependant elle ne se retira certainement ni à Naples, ni à Castellamare, ni à Ischia. Ce fut donc, en 1538, le rivage qui, dans une seule localité, se souleva et se trouva à sec. Le temple de Sérapis, avant cette époque, était, comme Pompéi, enterré jusqu’à une certaine hauteur, ce qui a empêché les trois colonnes restées debout d’être perforées à leur partie inférieure par la mer qui était venue les battre.

Voici, du reste, les propres paroles du Porzio, esprit rare, d’un savoir profond, et qualifié par ses contemporains de prince des philosophes de son temps : « Cette région fut agitée pendant près de deux ans par de violents tremblements de terre, au point qu’il n’y resta aucune maison intacte, aucun édifice qui ne fût menacé d’une ruine prochaine et inévitable. Mais le cinquième et le quatrième jour avant les calendes d’octobre, la terre trembla sans relâche, nuit et jour ; la mer se retira d’environ deux cents pas ; sur la plage à sec, les habitants prirent une multitude de poissons, et remarquèrent des eaux douces jaillissantes. Enfin, le troisième jour, une grande portion de terrain, entre le pied du Monte-Barbaro et la mer près de l’Averne, parut se soulever et prendre la forme d’une montagne naissante. Le même jour, à la seconde heure de la nuit, ce terrain soulevé se transfor-