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instants très-courts[1]. L’ensemble de ces circonstances était extrêmement peu favorable à la production d’une grande marée.

Je sens bien que pour affaiblir ces difficultés, il suffirait de grossir la comète, de faire sa masse trente ou quarante fois plus considérable que celle de la Lune ; mais je réponds qu’on n’a pas cette latitude pour la comète de 1680. En effet, dans cette année, le 21 novembre, elle passa près de la Terre ; il est démontré qu’à l’époque du déluge sa distance n’était pas moindre ; or on sait qu’en 1680 elle ne produisit ni cataractes célestes, ni marées intérieures, ni rupture du grand abîme ; que sa queue, que sa chevelure ne nous inondèrent point ; et comme personne ne supposera que le même astre qui de nos jours n’a engendré sur le globe aucune révolution sensible, ait anciennement tout bouleversé, quoiqu’il fût plus éloigné, nous pourrons dire avec confiance que la théorie de Whiston est un simple roman, à moins qu’abandonnant la comète de 1680, on ne prétende attribuer le même rôle à un autre astre de cette espèce, beaucoup plus considérable.

  1. Lorsqu’une comète parcourant une ellipse très-allongée est parvenue à une distance du Soleil égale à la distance moyenne de la Terre au même astre, sa vitesse surpasse celle de la Terre, dans le rapport de à 1 ou de 141 à 100. Ainsi, la Terre et une comète viendraient presque à se rencontrer, leurs mouvements s’effectueraient même suivant une direction commune, que la différence de vitesse amènerait bientôt une séparation considérable des deux corps. Duséjour a trouvé que, dans les circonstances les plus favorables, une comète ne pourrait pas être pendant plus de 2h 32′ à une distance de la Terre moindre que 13 000 lieues.